Chroniques

LA PLUME DU FAUCON

Vous trouverez ici plusieurs articles traitant principalement des tendances sociales reliées à la vie de couple. M. Leblanc est chroniqueur pour divers journaux et magazines et son style d’écriture a beaucoup fait parler de lui. Sujets chauds, saupoudrés d’humour, il aura bonne plume pour chacun des lecteurs.

CHRONIQUE
Dire et faire cesser la violence (publiée le 17 mars 2017)
Autrefois, la violence conjugale était synonyme de violence faite aux femmes. Même si dans la majorité des cas, celle-ci s’exerce par un homme sur sa conjointe, on reconnaît aujourd’hui que des hommes peuvent être eux aussi victimes de violence de la part de leur conjointe. Il y a encore quelques années, on ne parlait pas de violence conjugale entre conjoints de même sexe. Des tabous existaient aussi bien dans la société qu’à l’intérieur même des minorités sexuelles. Comment un homme gai pouvait-il être abusé par son conjoint, ou encore comment une femme pouvait-elle agresser sa conjointe? Même si des situations étaient connues, la personne abusée devait se débrouiller avec son entourage, la plupart du temps avec le soutien de ses amis, ou se taire. Il n’y a pas encore d’études approfondies pour chiffrer la violence intrafamiliale dans les couples de même sexe, mais les témoignages sont assez nombreux pour constater qu’elle est aussi présente. 

On sait aussi qu’il est difficile pour un conjoint de porter plainte à la police, en raison de la honte de se retrouver dans une situation d’infériorité, de l’incapacité à régler par soi-même des difficultés qui le touchent dans la sphère du privé, ou encore de la peur d’augmenter la violence du conjoint agresseur. De plus, les relations historiques des minorités sexuelles avec la police, marquées par la méfiance et les préjugés ont contribué à maintenir le silence autour de la violence conjugale pour les couples de même sexe. 
 
Quand on parle de violence conjugale, on pense souvent à la violence physique subie par l’un des conjoints de la part de son partenaire. Elle est souvent l’ultime expression d’une violence déjà commencée sous d’autres formes, violence émotive, verbale, psychologique, économique et sexuelle. Quelle que soit la forme que cette violence peut prendre, les conséquences sont toujours dommageables pour la victime, et elle reste inacceptable. Le Code criminel du Canada reconnaît et condamne la violence conjugale par plusieurs articles de loi que le Québec applique de manière plus rigoureuse depuis 1987. Le harcèlement criminel (menaces à l’égard du conjoint) a fait l’objet d’un ajout au Code criminel en 1993.
 
Les recours 
Il n’y a pas aujourd’hui de services spécifiques qui viennent en aide aux victimes de violence conjugale pour les couples de même sexe. De facto, elles doivent s’adresser aux différents services offerts pour les hommes et les femmes hétérosexuels. 
 
La première démarche est de prendre contact par téléphone avec S.O.S Violence conjugale (région de Montréal : 514-873-9010. Sans frais : 1-800-363-9010. www.sosviolenceconjugale.ca) pour obtenir des conseils et des références les plus proches du domicile. S.O.S Violence conjugale est un service qui fonctionne 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Une autre démarche consiste à contacter le 911 et obtenir l’aide de la police, avec la possibilité que le conjoint violent soit arrêté.
 
Sur le site du Gouvernement québécois au chapitre de La violence conjugale (violenceconjugale.gouv.qc.ca), des scénarios sont proposés pour s’organiser et initier une dénonciation de violence conjugale et d’en prévoir les étapes suivantes. 
 
Groupes de soutien et maisons d’accueil 
Bien évidemment, pour les lesbiennes, les refuges pour femmes battues sont des ressources essentielles, elles peuvent y trouver un hébergement sécuritaire pour elles, et leurs enfants, tout en trouvant un soutien psychologique pour sortir du cycle de la violence. Pour les hommes, les ressources sont moins nombreuses. Le Service d’aide aux conjoints (SAC) estime que 25 % des cas de violence conjugale dont les hommes sont victimes concerne des couples homosexuels. Des organismes comme le SAC peuvent vous diriger vers les bonnes ressources. À noter que pour des femmes trans, certains refuges pour femmes ne les acceptent pas ce qui constitue un obstacle pour ces femmes dans leur recherche d'un endroit sécuritaire où elles peuvent se tenir loin du conjoint ou de la conjointe violent(e). 
 
Soutien pour les conjoints violents
Depuis quelques années, des services sont offerts pour les hommes qui ont des comportements violents. Des ateliers de groupe sont offerts pour que ceux-ci comprennent d’où proviennent ces comportements inadaptés et apprennent à gérer leur colère et leur frustration. Ces services n’existent pas pour les femmes ayant des comportements violents sinon par des démarches individuelles auprès d’un CLCS ou d’un psychologue. Même si la violence conjugale est sanctionnée et punie par la Loi, il n’en reste pas moins que la plupart des hommes et femmes violent(e)s envers leur conjoint(e) ont aussi besoin d’aide. 
 
De mettre un terme au cycle de la violence dans un couple demande du courage. D’autant que dans les semaines et les mois qui suivent, la personne abusée qui a décidé de mettre un terme à ce cycle, va vivre des turbulences (déménagement, demande de protection, divorce ou fin de la relation) parfois plus intenses quand il y a des enfants. Cette personne a besoin de l’aide non  seulement institutionnelle ou communautaire, mais aussi de son entourage, la famille, les ami(e)s de confiance. Des organismes LGBT, comme RÉZO, ou encore des centres de femmes, seront toujours prêts à recevoir et à écouter des hommes ou des femmes victimes de leur partenaire de même sexe, et à les diriger vers les meilleures ressources possible.
 
Par L'équipe de rédaction
Sur: www.fugues.com