Chroniques

LA PLUME DU FAUCON

Vous trouverez ici plusieurs articles traitant principalement des tendances sociales reliées à la vie de couple. M. Leblanc est chroniqueur pour divers journaux et magazines et son style d’écriture a beaucoup fait parler de lui. Sujets chauds, saupoudrés d’humour, il aura bonne plume pour chacun des lecteurs.

CHRONIQUE
LA GRAINE BRÛLÉE «Chaque graine est unique»! (publiée le 28 juin 2017)
Des hamburgers, puis du poulet et des gaufres et, avant ça, on ne se souvient plus vraiment quel commerce occupait l’espace du 921, Sainte-Catherine Est, soit près du Pharmaprix. Local un peu «maudit», rien n’y tenait longtemps jusqu’à l’arrivée, au début de l’été dernier, de  La Graine brûlée, un café tout ce qu’il y a de plus original. Et le mot est faible ! Local de plus de 15 pieds de hauteur aux couleurs vives avec des tables de pique-nique, des «cabanes», un grand carrousel, une salle avec des livres et tables très longues pour des rencontres de groupes, etc., tout est inusité, ludique, jeune, joyeux… Ici, rien ne colle avec les grandes chaînes où tout est encadré et formaté d’avance. Petit frère du café Oui Mais Non, dans Villeray, La Graine brûlée est le fruit des idées bouillonnantes de quatre jeunes propriétaires aux parcours diversifiés, mais qui trippent tous très fort et qui sont allumés sur les concepts actuels et nouveaux, et surtout, qui sont guidés par Manon…

Manon, c’est l’inspiration. Suite à l’ouverture du Oui Mais Non à l’été 2014, Mathieu a vite eu l’idée d’occuper l’espace vacant à côté du café pour en faire un atelier-boutique de trouvailles et création locales. L’espace a pris le nom de Oui Manon , pour jouer avec les lettres du Oui Mais Non. Naquit donc Manon, cet esprit enthousiaste, ludique et familier à l’humour glissant et joyeusement irrévérencieux. Surprenante, défiante, idéalisante, c’est l'esprit d'équipe qui va au-delà de soi. Sans pour autant être bien contrai-gnante pour chacun. « Ce qu'on fait est plus grand que chacun de nous. Il y a donc la place pour qu’on y soit tous entiers avec nos rêves, notre “drive”, nos exigences, notre créativité. Chacun a de la graine différente. Chaque graine est unique. Manon, c't'aussi un peu une philosophe 😉 » raconte JP, le fier sourire en coin.
 
«Oui, La graine brûlée est donc le fils de Manon, le petit frère du café Oui Mais Non sur Jarry, dans Villeray, ouvert depuis trois ans maintenant, mais on voulait que ce soit différent ne serait-ce que parce que c’est dans le Village et que cela nous donnait l’occasion d’explorer quelque chose d’autre. […] Donc, le café va bien, il y a eu l’effet de la nouveauté dans le coin et, bien sûr, c’est ici que ce type d’originalité est accepté», indique un des super sympas copropriétaires de ce café nouveau genre, JP ou Jean-Philippe, «mais tout le monde m’appelle JP, c’est rare qu’on dise Jean-Philippe»...
 
La graine brûlée a accueilli ses premiers clients l’an dernier, soit le 28 juin 2016. Mais d’où vient ce nom-là de «La graine brûlée» ? «C’est sorti lors d’un brainstorm sur le bord de la piscine. On essayait de trouver des noms originaux, on avait regardé tout ce qui touche aux brûleries à Montréal, puis ce nom est sorti. On a bien ri sur le coup, ensuite le lendemain et encore la semaine d’après. C’est là qu’on s’est dit que si c’était drôle et sympa pour qu’on en rie encore, c’est qu’on tient quelque chose là. Le nom est donc sorti ainsi avec un certain double sens plutôt ludique . Nous sommes dans le Village après tout...», confie JP.

Pour le Oui Mais Non, c’est Mathieu, l’architecte designer du groupe qui a trouvé l’inspiration du look bois de grange et rétro kitsch. «Tout ce qu’on voit ici, à La graine, c’est lui à 100%! Mais ici, c’est le local grand, lumineux et spacieux qui a plutôt inspiré car il y avait des traces des autres commerces qui l’avaient déjà occupé. L’idée était d’en faire un festival des motifs, des couleurs, que ce soit ludique, très ludique même et amusant. On le faisait pour le jeu, pour l’enfant intérieur en nous. Le carrousel provient de l’idée d’un village éphémère, cela s’est presque imposé de soi. On retrouve les cabanes pour meubler l
’espace et créer de petits univers. La petite salle d’arcade de jeux s’est, là encore presque imposée d’elle-même pour encore une fois créer de petites capsules. Quelque part, c’est très ‘’instagrammesque’’, les gens viennent ici, se prennent en photos, invitent leurs amis et ils y trouvent leur compte», souligne JP avec un large sourire.  
 
Son aspect de fête foraine a tellement plu que, les week-ends, il attire de jeunes familles avec des enfants qui viennent même de la banlieue ! «Au début, nous avions un peu peur car cela n’a pas été conçu de manière sécurisée pour des enfants, nous étions surpris, mais, finalement, tout se passe bien et c’est une clientèle qu’on ne pensait jamais voir ici à La graine!», renchérit JP qui est aussi coach vocal et musicien électro !
 
Quoi, JP est musicien ? Et oui. Chacun des quatre propriétaires possède presque ainsi une double vie de tenanciers de café, entrepreneurs et… 
 
Attendez, il y a bien le fameux Mathieu, l’architecte, mais il y a également Stéphane, le banquier… Un banquier ? «Oui, nous avons été le chercher alors qu’il travaillait chez Desjardins, mais c’est aussi le frère de Marie-Ève, elle est docteure en microbiologie, et c’est elle qui s’occupe de la bouffe et des bons petits plats qu’on mange ici et au Oui Mais Non, c’est elle qui conçoit le menu et qui cuisine», rajoute ce coproprio du café… Ouf !
 
Justement, parlons un peu du menu et de ce qu’on peut y grignoter. Pour les délectables viennoiseries et les croissants plein de beurre, ceux-ci proviennent de la boulangerie Arhoma. Il fallait s’y attendre un peu… Pour le reste, cela va du Chili végé avec chips à des wraps ou des sandwichs, à de l’hummus ou encore de la salsa épicée à la crème sûre. «Ce sont de petites portions, du comfort food pour pouvoir continuer à faire ses travaux de fin de session, sans s’endormir… On a aussi le délicieux grilled cheese au bacon, par exemple. Mais on observe un certain courant ‘’vegan’’, donc on offre aussi quelque chose en ce sens. Et puis, comme c’est déjà arrivé que des gens louent l’espace ou que tout un groupe réserve pour un brunch, on a aussi un service de traiteur depuis l’hiver dernier.»
 
Mais JP n’est pas que musicien, entrepreneur et propriétaire d’un café, il siège aussi, depuis peu, au conseil d’administration de la Société de développement commercial (SDC) du Village ! «Je me suis senti un peu interpellé par ce poste qui était ouvert. Ici, nous sommes dans quelque chose qui est déjà établi et nous avions beaucoup de questions sur ce qui pouvait être fait ou non. Et je me sens vraiment incompétent quand je ne comprends pas quelque chose. Donc, ce poste m’interpellait et j’ai décidé de m’impliquer. Je suis super content des rencontres que j’ai eu, je me suis senti à ma place, j’ai senti que c’était apprécié que je m’implique et que j’apporte des idées. Mais on verra bien pour le futur puisque je viens à peine de commencer...», commente avec humilité JP.
 
Avec autant d’enthousiasme, à moins d’une catastrophe, cette fois-ci ce beau local de 120 places assises devrait rester occupé pour un bon, bon bout de temps…
 
En passant, «Chaque graine est unique !» est le slogan du café et fait référence aux grains de café. Oui, oui...

 
Par : André-Constantin Passiour
Sur: www.fugues.com